Bagan – “stupafaction”

Il s’agissait du lieu que je voulais naïvement voir à tout prix quand j’ai su que j’avais le poste en m’informant sur l’histoire du pays et les sites touristiques en Birmanie. Il m’avait déjà inspirée pour ma première bannière de blog… Gisèle reliant la silhouette de Paris à celle de Bagan…

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Quelques minutes après avoir quitté l’aéroport, Bagan surprend, Bagan saisit et me fait de suite oublier le réveil à 4h du matin. Une ville fantôme qui n’a pas besoin de faire une parade nuptiale pour qu’on tombe sous son charme. Plus de trois milles pagodes et temples constellent la plaine et leur noms chantent sur les panneaux : Dhamayazigha, Manuha, Dhamayangyi, Shwezigon, Gubyaukgyi, Htilominlo, Ananda…
Les stupas usés par le temps, transformée en monticule de briques par le tremblement de terre de 1975 ou justes dressés fièrement le long de l’horizon habillent ce décor du une robe pourpre ou parfois ivoire entre les feuillages. Des chiens errants rodent, des vaches à bosse déambulent, des troupeaux de brebis passent entre les sillons des temples. Traditions birmanes et hindouistes s’entremêlent pour raconter contes et légendes sur ces façades sculptées.

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Bagan est muette mais dans son langage des signes elle nous invite à l’aventure, nous raconte son histoire, depuis les murs ornés de peintures murales retraçant la vie de Bouddha jusqu’aux sommets des pagodes parcourant les époques.

Notre guide, charmante demoiselle de mon âge, nous promène dans ce dédale entre les créatures gardiennes des temples, à l’abri du Minotaure. Poant Poant, petite a pio gyi (jeune célibataire en Birman), illumine nos journées par son rire et éclaire notre esprit par son savoir. Elle s’amuse de mon Birman approximatif tout en m’aidant à étoffer mon vocabulaire. Elle nous embarque aussi au marché, nous explique la fabrication des laques, nous fait parcourir la vie quotidienne des habitants du coin, dont New Bagan, ville créée par le gouvernement pour chasser déménager les anciens habitant de Old Bagan… leur artisanat, leur lieux de culte avec un enthousiasme intacte de visite en visite. Elle nous amène vers ces lieux isolés, sur ce monticule de pierres offrant un panorama des alentours ou sur ce temple « secret » pour admirer le coucher de soleil loin de la foule.

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Les fins de journées me font encore plus apprécier cette cité intemporelle, la brume enveloppant au crépuscule les stupas d’une étoffe de soie blanche et vaporeuse, le regard noyé dans l’Irrawaddy et les glaçons dans un gin tonic.
Le silence repose après des semaines à Yangon, ville effervescente mais parfois usante. Loin des sentiers trop touristiques, Bagan ralentirait presque mon rythme cardiaque pour apaiser mon esprit parfois un peu trop préoccupé. Elle amène à une douce réflexion et glisse un sourire serein sur mon visage. Cette vision du passé me rassurerait-elle quant à mon avenir? Une chose est sûre, mon regard s’est porté sur le présent, sur cette créature mi homme mi lion gardant les coins des temples, sur cette stupa dangereusement penchée mais intacte, sur ces échafaudages en bambou et ces maçons funambules œuvrant sur les toits, sur cette salade d’avocats délicieuse, sur ces plantations de sésame totalement asséchées, sur ces rencontres de bouddhas de pierre et d’or assis, allongés, debout, ou encore sur ces spectacles de marionnettes…

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Bagan, tu hantes encore mon esprit.

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