L’amour à Yangon

Cela fait longtemps que je voulais prendre le temps d’écrire un peu sur l’amour à Yangon ou plus largement le lien affectif au pays des milles pagodes.

Je suis donc supposément parisienne, supposément froide, supposément asociale, supposément méfiante. J’ai mis du temps à accepter le sourire courtois des Birmans et leur gentillesse à tous les coins de rues, à comprendre que le rapport à l’autre se fait en douceur, qu’il est sincère et un brin naïf quand même. Le brassage culturel entre expatriés amène aussi à s’assouplir.

Autrement dit, ici, impossible d’être parisienne avec tous les clichés associés.

Dernièrement c’était la Saint Valentin. « Une fête commerciale gnagnagna ». Oui, c’est vrai, ici aussi c’est commercial. Il y a des magasins éphémères qui fleurissent partout pour vendre des peluches faisant 3 fois la taille d’un français (donc 5 fois la taille d’un birman), les centres commerciaux chantent toutes les mélodies d’amour possible ou impossible, l’autre jour je choisissais mes salades au son de Roxane « It must have been love, but it’s over now »… Des fleurs en plastique dans tous les sens, des babioles, boules à neige et autres mièvreries qui prennent la poussière s’étalent dans chaque petite échoppe.

Et les birmans adorent ça ! Ils vivent l’amour, chantent l’amour, guitare à la main au crépuscule, en petit groupe, charcutant reprenant des classiques des années 90.

Le lien affectif est empreint d’une forme de pudeur juvénile. On se tient le bras, la main, entre filles, garçons, filles et garçons. On est proche, on se cajole. Mais jamais un couple d’amoureux ne s’embrassera en public. Dans les parcs, ils se cachent sous leur parapluie pour se papouiller discrètement. On se touche le bout du nez. Les couples portent des tenues assorties, soit habillés à l’identique, soit avec des tee-shirts coordonnés « i am with her / i am with him » ou autre dans le même esprit.parapluie

Les couples ne vivent pas ensemble avant d’être mariés mais restent chez leurs parents avant l’union. Eh oui ! Ça existe toujours…

Lorsque nous sortons entre filles, parfois, quelques Birmans viennent danser avec nous, gardant une distance respectueuse et chaste, comme lors d’un slow entre pré-ados. D’ailleurs notre tata Claire a flashé sur l’un de ses collègues birmans. Et cela fait 2 mois que nous sommes encore à l’étape du « tu viens fumer une cigarette avec moi dehors ? »… Heureusement qu’elle a un contrat d’un an et demi…

Et paradoxalement, car il faut bien un paradoxe, il y a des hôtels de passes. Oui oui… dont l’un tout à côté de la guest-house (et non je ne le fréquente pas) (et non ce n’est pas un Sofitel) (ah mais y’a un Novotel qui a ouvert un peu plus haut dans la rue). Les 5 à 7 sont donc petite monnaie courante et discrète pour satisfaire les envies un peu impudiques mais pas trop libertines de mes chers camarades de Pays.

Une autre anecdote paradoxale tourne autour de Tinder. J’ai été la première étonnée lorsqu’un ami français dégaine son iPhone pour ouvrir l’application. Tinder à Yangon… je n’en revenais pas. Alors je lui prends son téléphone et parcours les profils. La pudeur reste là. On sourit façon kawaï, on masque un peu son visage, on met son plus beau pull hello kitty… La suite, je n’ai pas voulu la connaitre mais quoiqu’il en soit, nous sommes tous fait du même bois et les hormones n’épargnent personne ! Même au pays des bisounours!

 D’ailleurs, ai-je déjà dit qu’il y a du viagra en vente libre ici?

Et pour faire plaisir à Virginie, une petite burmese cover au passage… sur l’amour bien entendu !

Photo par Tata Karen

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