Une période de silence. Tout le monde me dit que j’ai eu de la chance de ne pas avoir une forme grave. Et c’est vrai. Mes symptômes n’ont duré que quelques jours, la fièvre n’était pas excessive. La fatigue par contre est bien là. J’en suis donc déjà à +21 jours depuis le début des symptômes et 2 semaines d’isolement à l’appartement, à devoir travailler à distance. Sauf qu’il est devenu très rapidement impossible de travailler correctement : difficulté de concentration, anxiété, épuisement. Des symptômes pas vraiment physiques du coup mais le moral prend aussi un coup dans l’histoire.
L’anxiété de voir mon « break » approcher, celui-là même que j’attendais depuis fin novembre. Lundi dernier je fais mon test de contrôle : positif. J’avais modifié mon billet pour le vendredi. Jeudi, je me décide pour refaire un test, même si ce n’est pas le protocole. Le test rapide est négatif, sans surprise. Mais le PCR est encore positif. Je dois donc annuler mon break.
Ce mélange d’isolement et d’impossibilité de retrouver les siens est un cocktail qui peut faire plonger bien bas. Le sommeil de cette semaine a été très dérangé.
Les médecins me disent que je ne suis plus contagieuse, que parfois, de façon exceptionnelle, des bouts de virus restent longtemps et le PCR étant tellement sensible, il donne un résultat positif.
Prochain break attendu pour le 6 janvier. Les rotules usées.
La bûche de Noël aura donc une fève.
L’année commençait pourtant bien. Un réveillon en Birmanie, une première mission vraiment chouette. Je me rappelle d’un jour de février, peu avant mon départ, nous étions devant la télé avec le coordinateur de la base de Maroua qui me disait que je ne pourrai pas rentrer avec ce virus qui venait d’arriver en Haute-Savoie. Pendant 4 mois ensuite j’étais sur la mission France d’ACF dédiée justement à la crise COVID.
Toujours aucune idée de qui a pu me passer le relais viral.
Je signe donc une troisième année où je ne suis pas en France pour les fêtes. Désolée maman.
On active les plans de secours : savoir qui est là pour le 24, savoir où aller le 25, recontacter la couturière pour récupérer les dernières robes en cours pour éventuellement avoir une jolie tenue de Noël, envisager d’aller à une messe de minuit. Ne pas laisser le chagrin prendre sa place.
Etre active (un conseil de ma sœur).
Le médecin me disait « le COVID change les gens, vous allez être plus que témoin de la maladie, vous allez la vivre ». J’écoutais sa prophétie sans grand intérêt. Je préfère le déni dans ces cas-là car je voyais l’impact potentiel sur mes congés. Le déni c’est une couverture de survie presque duveteuse qui protège des mauvaises nouvelles, qui met à distance les émotions négatives. Une bulle de protection. J’aime être dans ma bulle.
Mais quand ça fait « pop »…
Rester active.
Même si je suis restée quelques jours entiers sur mon lit à attendre.
Les collègues ramènent des macarons de Douala, la bande camerounaise soutient, mon vendeur de juju hats m’envoyer des messages vocaux « du courage madame », je fais du jus de bissap…
Je referai un contrôle jeudi…
On verra si le Père Noël glisse un résultat négatif sous le palmier.