Mon rêve familier

Après quelques hésitations j’ai finalement décidée d’ajouter un nouveau post à ce blog que je pensais éteint. L’écriture s’est avérée quasi thérapeutique durant cette expérience et peut être poursuivra-t-elle cet effet aujourd’hui… Mes nuits ont été étranges, une semaine de cauchemars, la peur d’être cambriolée ou agressée chez moi dans un demi sommeil. Des périodes de mauvais rêves m’arrivaient assez souvent mais quand cela vient altérer mon humeur, c’est là où je brandis ma plume (ou mon écran tactile ce soir) pour mettre par écrit une élaboration.

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Pourquoi sur Gisèle en longyi?

Parce que je me réveille depuis plus d’une semaine maintenant entre 4h30 et 5h du mat, sortie d’un mauvais rêve, et ma première pensée lorsque je regarde l’heure sur mon iPhone est de me dire “ah bah oui il est 9h00 en Birmanie”, un réveil classique d’un week-end. Sauf que je suis ici et non là-bas.

J’échange toujours avec le terrain par-ci par-là, l’actualité malheureuse met la Birmanie au premier plan, on me questionne aux sujets des inondations. Un attentat à Bangkok, quasi en face de l’hôtel où j’allais, vient me téléporter sur le pont aérien et je revois la scène où mon compagnon de voyage me montrait ce sanctuaire en me disant qu’il était important et très touristique. J’étais surprise de voir ces danseuses du matin au soir exécuter cette chorégraphie thaïlandaise dans les costumes traditionnels scintillants. Et pourtant je me fatigue toute seule de dire encore parfois “ah oui en Birmanie…”. C’est une histoire passée et pourtant elle reste présente. WordPress m’envoie un mot pour me souhaiter mon premier anniversaire de blog (celui-ci créé le 14 août). Une partie de mes neurones vivent dans un autre fuseau horaire. Je me suis même surprise à parler tout haut birman pour m’assurer que je ne perdais pas mon accent. Curieusement la langue birmane me manque. L’entendre, le baragouiner. Est-ce mon âme mélomane qui recherche les vestiges d’une mélodie qui m’a si chaleureusement accueillie?

Alors je me souviens me questionner durant les premiers birmaniversaires sur le temps nécessaire à l’adaptation. Maintenant je me questionne sur le temps nécessaire à la re-adaptation.  

Revenir à Paris c’est la joie de retrouver mes amis formidables et ma famille mais aussi certaines frustrations, certains questionnements. Revenir dans ses pénates, c’est réaliser que oui, j’ai changé, mais que l’équilibre est encore fragile. Et cette confusion et ce sommeil peu réparateur amènent à une forme de mélancolie. J’avais entendu le fameux seuil des 3 mois pour l’insertion dans une nouvelle culture, il semblerait qu’il faille la même période d’adaptation pour ce “choc culturel inversé”. Ce passage des nuits de bébés à nuit de névrosés semble marquer le terme de cette lune de miel du retour. Vivre l’expatriation c’est construire son avenir mais la “répatriation” c’est repenser son passé. Sans doute que cette confusion des temps agresse quelque chose dans mon for intérieur et déteint sur mes nuits .

Au moment où j’écrivais l’ébauche de ce texte, c’était mon birmaniversaire 11. Je compte encore en birmaniversaire lorsque nous sommes le 17 du mois. Je suis “ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre”. J’ai envie de rester ici mais j’ai envie de repartir, ailleurs. J’ai envie de me ressourcer mais j’ai aussi envie de m’enrichir de ces expériences inédites, stimulantes, belles. J’ai envie de repeindre ma cuisine mais j’ai aussi envie de baigner dans une autre culture. Je dois composer avec ces paradoxes, restructurer ce vécu interne mais pour l’heure j’aimerais juste dormir.

Revenir est une aventure en soi… Demandez à Ulysse.