Cela fait plus d’une semaine que je n’ai rien posté, je ne sais pas si c’est cette pseudo crève qui a mis mon cerveau en pause, mes maux de gorge qui m’empêchent de parler… même par écrit… ou juste le temps qui s’échappe.
Curieusement un bon nombre de personnes issues de différents cercles amicaux ont été dernièrement malades avec ces symptômes de mini grippe, courbatures, fièvre, maux divers et varies. Est-ce l’effet « premier trimestre » ? L’agitation de ces semaines successives, sans relâche, l’hyperactivité sans temps mort qui a amené un certain nombre d’entre nous au point de rupture physique ? Probablement. J’ai beau tenter de me reposer, la fatigue s’est “chronicisée”. Mes cernes ne s’estompent pas… (Je n’avais jamais eu de cernes à Paris…) et parfois je n’ai même plus l’énergie de gratter mes piqures de moustique, c’est dire.
Pourtant il s’en passe des choses en une semaine : un serpent au bureau, des steaks au resto, des petits-déjeuners dans l’un des hôtels les plus coté de Yangon, du shopping écolo-fair-trade, un curry au lait de coco, des fou-rires à la pelle et du travail par-dessus la tête ! Les Birmans sont toujours aussi agréables et souriants. La première session des cours de birman arrive à sa fin, je sais donc dire tout un tas de choses, compter, pas encore lire ni écrire… Je vais préparer une nouvelle routine pour le mois de janvier mais avant ça, la seule perspective que j’ai en tête est de rentrer à Paris, de profiter de l’atmosphère de Noël et de passer du temps avec les personnes qui ont réussies à me soutenir et à me donner l’énergie des premiers jours ici car quand j’y repense… je ne faisais pas du tout la fière ! J’en suis même arrivée au point où j’ai finalement avancé mon départ.
On sous-estime parfois comment le travail peut être un réel magicien et nous hypnotiser au point d’oublier de s’écouter, au point où on n’entend même plus petits signaux internes qui chuchotent « fais une pause » « accorde toi un vrai repos ». Et ça se sent, je ne vois plus très clair sur mes objectifs.
L’expatriation pourrait s’associer, en ce sens, à une forme de méditation. Ça tombe bien, je suis en Birmanie. Ce que je veux dire par là c’est qu’à l’autre bout du globe, aussi loin de sa maison, il faut véritablement apprendre à s’écouter, à se fier a son instinct là où nos repères manquent, à dérouler le tapis rouge à l’introspection. C’est là que je réalise que mon corps ou ma tête dictent très souvent des envies ou plutôt m’apportent des recommandations : aliments, boissons, repos, sorties, activités diverses et variées. Un peu comme ces moments où on se dit « ah je devrais prendre un parapluie » alors qu’il y a un grand soleil. Notre cortex primitif reste une source d’intuition absolument fiable et dans notre routine occidental où tant de choses pensent à notre place, on oublie d’entendre nos propres appels et on se retrouve sous une averse que rien ne pouvait alors prévoir !
Je découvre aussi le nombre de coïncidences et de petits signes du destin qui peuvent se passer si on arrive à s’écouter, un petit neurone qui te dit « mais si, force toi a aller a ce diner » pour finalement rencontrer une personne qui m’a présentée à la bande d’ActionAid avec laquelle je traine le plus souvent et avec qui je ris à me tordre le bide, ou bien un autre petit neurone qui te pousse à bouger dans le centre-ville en plein dimanche après-midi pour finalement tomber sur 2 personnes rencontrées par hasard la veille et passer une superbe soirée dans un restaurant Kachin…
Et là, clairement, mon corps me dit : « repos ».
J’ai besoin de ça pour reprendre un peu de perspective, pour prendre mon second souffle, et pour avancer sur mes nouveaux chantiers.
Pour l’heure je veux que ma seule préoccupation soit celle de savoir comment transporter mon éléphant en papier mâché qui est trop gros pour ma valise cabine. Le reste attendra le 29 décembre.