Pyapon ça pourrait rimer avec camion

(mais ça se prononce « Pyaponne »)

Se taper 6 heures de route en une journée, aller/retour, c’est un brin fatiguant… J’admets, le paysage était plutôt ravissant, des pagodes (encore et toujours) des palmiers et des cocotiers qui chatouillaient l’horizon avec leur noix, des arcs-en-ciel par ci par là. Le trajet avait aussi un côté safari fermier: des bœufs bossus, des boucs, des porcs, quelques chevaux, toujours autant de chiens errants et surtout… des nid-de-poules !

En effet, ce parcours, avec une voiture lambda, a dû tasser quelqu’unes de mes vertèbres. Notre chauffeur était clairement champion du champignon et je lui soupçonne un début de parkinson tellement il passait son temps à klaxonner en discontinu arythmique façon bégaiement du pouce face au moindre événement qui pouvait surgir dans son champ de vision. Un cycliste, un tuk-tuk, un bus, une vache, un nuage… sans pour autant ralentir, il frôlait chaque véhicule ou passant. Et quand il y a eu une averse il n’a pas changé son mode de conduite. C’est comme ça en Birmanie ! Il faut s’y faire !

Le tout sans ceinture évidement (de toute façon la voiture n’en était pas équipée). Moment cocasse car nous avons croisé un accident… pas de blessé mais il s’agissait d’un… taxi de la même compagnie que la nôtre. Ce périple était un défi contre les statistiques de la sécurité routière. J’ai gagné mais je n’en suis pas spécialement fière.

DSC05753Revenons à nos moutons, Pyapon est une ville du delta de l’Irrawaddy, petite bourgade rurale qui a été ravagée, parmi d’autres villages, en 2008 par le Cyclone Nargis. D’ailleurs, naïvement il y a 10 jours je tape « pyapon » dans Google images et je tombe sur des photos de cadavres flottants dans des eaux boueuses. Six ans après, c’est plutôt révélateur. En effet, cette zone du delta est pauvre, pas du tout touristique et finalement assez isolée.

Les habitants y sont souriants et très curieux de voir une « grande » (selon les standards birmans) nenette déambulée dans les rues. Mais un atelier RH, un bon déjeuner et une petite réunion informelle plus tard, on retourne à notre case départ.

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Suivez le guide

Quelques achats chez Pomelo : le magasin éthique et fair-trade de Yangon où la plus bornée des parisiennes pourrait trouver son bonheur. Ils favorisent les petits producteurs locaux et groupes défavorisés. Alors certes on paie plus cher (un peu) que si on allait ailleurs mais les produits sont du coup des pièces (quasi) uniques et honnêtement, pour quelques euros de plus on participe à une belle initiative. C’est coloré, c’est amusant, c’est très bobo-bio… Mais je n’en dis pas plus car certains cadeaux de Noël vont sortir directement d’ici…

Un Happy-Hour au Strand : Pour celles et ceux qui l’ignorent, cet hôtel, ouvert au début du XXème siècle et un haut lieu du raffinement et du luxe et possède une histoire chargée et pittoresque. On l’imagine très bien place Vendôme, au fond d’une cour, avec ses colonnes et son large hall chaleureux. Bref, chaque vendredi ils proposent un Happy Hour sur une sélection de cocktail (3,5$ au lieu de 7$), dé-li-ci-eux, le tout dans une atmosphère bien loin des bruits incessants de la ville. Une pause absolument bienvenue.

Un dîner au « House of Memories » : on croirait tomber sur une maison d’inspiration « normande » en plein milieu de Yangon. Pourquoi ce nom ? Cette charmante demeure a abrité le premier bureau du général Aung San et est imprégnée des murmures entre Birmans et Indiens lorsque ceux-ci préparaient leur lutte pour leur indépendance face aux Anglais. La nourriture y est correcte, le service agréable, une alternative aux adorables bouis-bouis bruyants.

Déhanchage au VIP : je vous ai déjà parlé de ce club situé loin du centre-ville. Il s’avère que samedi y était célébré la fameuse soirée mensuelle LGTB de Yangon “Fab Night” sous le thème d’Halloween. Toujours les fidèles « comptables » derrière le comptoir, le nez dans leurs papiers, une clientèle bien plus mixte que lors de ma première visite. Soirée lambda malgré mon déguisement de fée (ou alors l’humeur n’y était pas).

DSC05707Promenade sur la « Yangon Circle Line » : Avec une comparse du cours de langue nous avons décidé de tenter l’aventure de ce train utilisé quotidiennement par les Birmans, leur « RER » à eux, à croire que le trajet pour Bago ne m’avait pas suffi. Nous allons donc quai n°7 acheter nos tickets. Fière de mes 6 mots de vocabulaire je demande nos billets, le contrôleur discute à moitié en Anglais à moitié en Birman, nous rigolons puis il nous fait signe d’embarquer. 3 heures de trajets pour parcourir Yangon dans sa périphérie. Ce qui est assez curieux c’est qu’en parcourant la ville en taxi ou à pied je n’ai jamais croisé ni même entendu de trains. Il s’agit vraiment d’une face cachée de la cité. Un peu long je l’avoue, moins enthousiasmant que ma première expérience aussi. C’était cependant sympathique de s’incruster dans le quotidien des Birmans.

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Apéro au Sky bistro : situé tout en haut de la plus haute (me semble-t-il) tour de Yangon (20 étages…) ce bar/resto a l’avantage de proposer une très belle vue sur la ville mais niveau apéro : moyen moyen.

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Et en avant pour une nouvelle semaine… cette fois-ci, petit tour à Pyapon jeudi.

 

By the river of Myitkyina…

Visiter une autre ville dans un autre Etat permet d’apprécier la singularité de chacune.
Bago possède quelque chose de rural, de poussiéreux, le fameux côté far ouest. Rangoun est totalement éclectique.
Lorsque j’entendais parler du Kachin au siège notamment, on insistait entre autre sur le fait que le réseau téléphonique et internet est plus que mauvais. Assez stupidement, je m’imaginais une région figée, des petites maisons en bois, avec une moyenne d’âge plus élevée que dans les environnements citadins, bref un peu comme un bled paumé au fin fond du massif central.
Mon premier contact avec la ville à la sortie de l’aéroport, une fois embarquée dans le 4×4 au logo de l’ONG, m’a fait totalement revoir mon préjugé.

IMG_5771Il y a dans l’air de Myitkyina une certaine douceur de vivre, un rythme plus détendu qu’à Rangoun. Le vrombissement des scooters se fait plus voluptueux qu’à Bago, des terre-pleins centraux fleuris délimitent le sens de la circulation, les propriétés ont des terrains plus large, ça respire ici! De paisibles marchés de nuit animent la vie nocturne. Pendant quelques instants je pouvais m’imaginer dans une ville d’un littoral français.

Le Kachin a d’ailleurs, en y réfléchissant un peu, quelque chose du pays Basque. On revendique fièrement son origine, son patrimoine et son folklore avec quelques faits qui assombrissent parfois l’actualité…
Hormis à l’aéroport où j’ai croisé 2 autres expatriés humanitaires, j’étais la seule étrangère du paysage durant mon séjour. Du coup, les birmans (surtout les jeunes) n’avaient de cesse de m’interpeler que je sois à pied ou en scooter. Deux de mes collègues Birmanes étaient surprises de voir ces scènes en me demandant si c’était toujours comme ça, même à Rangoun. A la longue, c’était pénible à Myitkyina, parce qu’hyper insistant. A Rangoun, les gens sourient, me disent parfois Mingalaba mais généralement de façon courtoise et respectueuse.

IMG_5778Cette fois, ce sont les collègues qui ont joué les guides à moto (sans casque bien entendu) et m’ont amenés au marché de jour pour me pousser à acheter du tissu traditionnel Kachin. La parisienne qui sommeille en moi avait quelques difficultés avec les tissus hyper brillants, hyper bariolés, aux broderies chatoyantes… Elles ont vite compris qu’il me fallait des nuances grises ou bleues, à la limite vertes. Mais j’ai pu trouver 2 tissus pour lesquels j’ai eu un coup de foudre (moi qui ne sait pas choisir…) et des cadeaux pour mes nièces (qui ne lisent pas encore mon blog…!). L’équipe était aux anges de m’avoir aidé à trouver mon bonheur… Manque plus qu’à réaliser la robe sur mesure. Photos à venir.

Toujours plus de bouddhas debout ou allongés, le clou du spectacle a été ce déjeuner sur les rives de l’Irrawaddy… Il faut dire que la cuisine Kachine est très fines (parfois très épicées) et très économique… ! Pour celles et ceux qui viendront me rendre visite, il y a un resto Kachin pas loin de la guest house 😉

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Mon vocabulaire birman s’améliore un peu mais mon accent amuse toujours autant la galerie!

Mais c’est bon de rentrer chez “soi” quand même.

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