Retours de Terre Promise

Ma première expérience du Proche Orient se déroule en Israël. Difficile de synthétiser ces quelques jours de découvertes.Une région riche d’histoire et de cultures, un environnement  complexe et magnifique, un séjour qui invite à plusieurs retours.

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Un retour sur l’histoire

Ce pays fait très souvent l’actualité. Une actualité à base de « pro » et de « anti », une actualité où l’expérience individuelle exprime le symptôme de générations meurtries, où guérison et paix ne semblent pas trouver leur place. Une histoire de contre… et un mur. Un terrain de discussions sur les scènes internationales. Quelque part, le centre d’un monde. De Saint-Jean-d’Acre au camp d’Atlit, en passant par Jérusalem, l’Histoire compose un mille-feuille au sein duquel se dépose des couches successives de cultures, de territoires, de conquêtes, d’aventures. Ces complexités inspirent les cinéastes, les écrivains, et même les auteurs de bande-dessinées. C’est un pays où la sensibilité de chacun peut trouver une place dans ces contextes à fleur de peau.

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Un retour sur les religions

Faire le Shabbat au Mur des Lamentations est une expérience assez inédite. Des petits groupes se pressent à la tombée du jour à travers le dédale de Jérusalem. Et puis on arrive sur la place et on découvre cet imposant mur aux reflets dorés par le coucher du soleil. Le judaïsme de tous horizons est représenté, tenues traditionnelles du Shabbat de différentes origines, jeunes militaires, hommes d’un côté, femmes de l’autre. Le recueillement se fait dans la joie, la jeunesse se réjouit. On vient déposer son petit mot entre les pierres du mur. On prie assis sur des chaises en plastique. Quelques femmes et plusieurs enfants jettent un regard par-dessus le mur de séparation des genres. Les prières chantées des orthodoxes se mélangent à l’allégresse de ces jeunes soldats. C’est à la fois confus et aussi désarmant. Est-ce vraiment comme ce soir-là tous les autres soirs de Shabbat me demandai-je. Ce doit être épuisant ? Mais non, justement ça semble aussi vivifiant.

Un autre lieu qui m’a marqué, c’est l’église du Saint Sépulcre. Lors de mes cours de catéchisme, petite, j’imaginais un chemin de croix à travers les dunes de sables, des collines arides en arrière-plan. Je visualisais un Mont Golgotha quasi vertigineux, un tombeau reculé dans une grotte cachée, isolée. Puis vient le moment de passer le seuil de l’église du Saint  Sépulcre. La géographie imaginaire se renégocie avec les « vrais » lieux. Le Mont Golgotha est plutôt une petite colline, le tombeau est finalement plutôt proche du lieu de crucifixion. L’église mélange les différentes chrétientés et la foi se traduit de façon plus ou moins théâtrale par les personnes présentes, par les décors, les encensoirs, les icônes dorées d’un côté ou les façades froides et pieuses de l’autre dans une harmonie maladroite mais sublime.

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Un retour sur la nature

Les paysages sont aussi variés que magnifiques. Paysages verdoyants, paysages désertiques, oueds et ravines, champs de bananes et champs d’oliviers… La nature est riche, et son harmonie façonne un contraste si brutal avec une autre réalité… Le climat de novembre est bien doux, le soleil chauffe les vêtements sombres. L’émerveillement se poursuit avec la mer morte. Les falaises abruptes et ocre du chemin nous menant vers notre « plage » me tiennent éveillée malgré la fatigue du séjour. Puis, vient le moment de s’allonger sur l’eau. Comme par magie, elle nous porte, nous soutient, elle joue avec nous et nous invite à oublier tout le reste. Il y a aussi la mer méditerranée tiède de Tel Aviv dans laquelle je me serais volontiers immergée si le temps me l’avait permis en me laissant bousculer par les vagues. Il y a aussi la plaine sèche de Qasr el Yahud où coule le Jourdain: un vaste champ de ruines et de sable, d’abris criblés par les conflits passés, des mines antipersonnels disséminées qui nous mène à ce petit oasis où les croyants se pressent sur les rives du Jourdain pour toucher de plus près leur foi. Et face à moi, la Jordanie et à quelques dizaines de kilomètres Amman.

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Un retour sur soi

Gratter du bout du doigt ce pan de l’histoire donne totalement envie de creuser un peu plus, de vivre plus que des vacances sur place, de travailler dans ces contextes avec un gilet à poche de Gisèle, de saisir les problématiques des personnes de ces régions, masquées par les discours politisés et médiatisés. La question des origines se répercutent à chaque coin. Origines religieuses, origines historiques. Conflits internes, conflits externes. L’individu noyé dans un scénario qui le dépasse et qui semble se répéter. L’envie naïve de croire au changement. De constater l’humanité qui, par des faits isolés, crée le lien qui manque entre chacun, sans pouvoir tisser l’étoffe de la réconciliation. Je déambule donc le nez en l’air dans ce berceau aussi chaleureux que confus.

Et l’envie d’y retourner. De se pencher un peu plus sur ces contrastes qui se jouent et se défient dans chaque lieu, dans chaque détail. Car il y a quelque chose de fascinant.

Allez-y.