Le processus de réflexion pré-départ : les fringues

chroniquesPremier achat concernant le Myanmar, recommandé par mon frère : Chroniques Birmanes de Guy Delisle. Bon j’admets avoir un certain chauvinisme canadien. Mais quand même, cette bande dessinée m’a totalement aspirée pour une après-midi. Très informative sur la vie sur place, très juste sur le monde des ONG, en quelques croquis il nous livre une vision de la réalité quotidienne (datant de quelques années déjà) du Myanmar. Bref : j’ai été conquise.

Premier cadeau concernant le Myanmar, offert par Céline : un chapeau d’été aux bords assez large pour protéger mon teint de porcelaine des méfaits du soleil.

Ça commence ainsi, l’entame des réflexions pré-départ, entre imaginaire et réalité, entre romantisme et vie de terrain. Et puis… le naturel revient au galop : « mais j’ai rien à me mettre ! »

Je reprends alors mon processus de grossesse et j’entame ma FIV (Fécondation In the Valise). Quels vont être mes partenaires vestimentaires s’adaptant à la saison des pluies…? à la saison chaude…? et à la saison très très chaude…?

Car oui, fidèle minette, et bien loin de la vision de l’humanitaire classique, cette question aura accompagné la fin des soldes soit 1 semaine et 1 jour. (Notons évidement que ce que j’ai acheté n’était quasi jamais soldé !)

Outre la météo, je cherche aussi à m’adapter aux habitudes vestimentaires. Il faut avoir en tête le respect des usages locaux et des coutumes pour réaliser comme il est facile de s’habiller un peu n’importe comment à Paris : un peu transparent, un peu court, un peu décolleté, un peu décousu, frisant la provocation sans gêner la pudeur des passants…

C’est aussi dans ces moment-là, de changement de saison et de nouvelle collection, que j’ai remarqué la prévalence du thème « militaire » dans les tenues automnales à Paris. En y réfléchissant, ça fait des années que cette mode habille les saisons automne-hiver. Mais là, en partant au Myanmar, autant éviter de passer par la case hantée du Monopoly pour outrage !

Ma FIV se complexifie en discutant avec mes proches.  Il y a eu l’instant : « mais si je vais dans le Kachin, il me faut un gilet pour la nuit et des chaussures de marche » puis l’instant : « et s’il y a une soirée officielle, il me faut une robe ‘’sortable’’ » et le moment : « allez, je prends 2 maillots de bain… ». Une collègue propose de me transmettre les coordonnées de ses différents amis vivant en Asie du Sud-Est « si jamais tu comptes visiter un peu la région » : ce qui rajoute des pantalons plus courts, des robes plus légères…

Sous ces piles de coton, de lin, de viscose,  et de tongs, il y a l’imagination de la mise en situation qui étaye ce cheminement interne d’expatriation. Réfléchir à ce quotidien vestimentaire m’aide plus largement à anticiper mon départ et à me projeter dans une nouvelle culture et dans ce nouveau poste. Se voir sous des trombes de pluie, les cheveux frisés par l’humidité, c’est s’ouvrir à son climat interne.  « Visualiser » certaines angoisses liées à la distance, à l’inconnu, à une nouvelle forme de solitude revient déjà à les dépasser. Je m’apprête à quitter un quotidien un peu routinier, plutôt confortable pour un environnement que je ne connais pas.

Une forme de mue, une nouvelle peau en devenir, une carapace fraîche et colorée pour ce saut dans l’inconnu. Ne dit-on pas que les femmes enceintes ont un grain de peau affiné et le teint rayonnant ? Cette rupture avec ma vie telle que je la connais en jean slim et talons se fera plus douce en sandales et jupe longue simili-soie bleu azur !

 

Petite question au desk Asie : « euh… quel est le poids autorisé pour les valises en soute… ? Une seule valise ? Pour 9 mois… ? »