5 fruits et légumes par jour

L’équipe de Palestine était à Amman pour une semaine de « regional meetings ». Des membres du siège étaient aussi là pour l’occasion. Ils m’ont tous donné envie de les avoir comme collègues, de Montréal à Jérusalem, surtout jeudi soir, quand nous étions au « Café de Paris » à danser joyeusement, entourés de la jeunesse ammanienne.

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Plus tard j’évoquerai plus en détails la nourriture… mais pour l’heure je voulais un peu parler de mes pérégrinations du vendredi. Vous l’aurez compris, le vendredi est notre dimanche : tout est fermé sauf le souk ! J’ai pu évoquer le souk Al Jouma, mais il y a aussi le souk de l’or, des fruits et légumes, de la quincaillerie, des meubles, des bidules en plastique… J’avais pris l’habitude d’aller chez les primeurs du quartier par paresse tout en sachant qu’en étant dans le quartier « bobo » de la ville, je les paye un peu plus cher. Ce vendredi, en compagnie du gang (je qualifie dorénavant de cette façon notre bande de collègues), nous décidons de remplir notre corbeille de fruits et notre bac à légumes. Direction le centre-ville, près de la mosquée Grand Husseini. Il faut donc passer entre les poules, les dindons et oser s’engouffrer dans ces halles sombres, au sol irrégulier, au plafond bas. Il n’y avait que des hommes bien entendu dans ce souk mais les vendeurs se sont montrés plutôt accueillants et les affaires assez bonnes. Il y a le coin avec les épices et les fruits secs, les étales de fruits et légumes, les vendeurs d’herbes aromatiques, mais aussi les bouchers avec des têtes de moutons, des dizaines de cœurs ovins suspendus à des crochets (ils me semblaient un peu petit pour être d’ovidés), des foies de volaille et quelques poissonniers dont la pêche semble absolument déprimée sur des montagnes de glace pilée. En plein été, ces deux dernières sections doivent être relativement abjectes ! Enfin, on trouve aussi quelques vendeurs de produits d’entretiens et autres indispensables de la maison. De quoi faire le stock de toute ce qu’il manque en un lieu et à moindre coût.

Pour quelques dinars j’ai pu acquérir tomates, concombres, ail, fraises, bananes, patates douces, pommes, avocats… et mise à part les bananes, les produits sont plutôt locaux (enfin si on considère l’ail égyptien comme local) ou du moins du même continent. Pour info, la Jordanie c’est seulement 1% de verdure. Mais là aussi, je serai probablement amenée à en parler plus largement une autre fois.

C’est sans doute toutes ces vitamines qui me permettent de ne pas tomber malade car cette semaine nous avons eu froid. Très froid. Je ne sais jamais si mon nez est rouge parce qu’il a pris un peu trop le soleil ou juste parce qu’il est gelé. J’ai bon espoir que les jours se radoucissent dorénavant et qu’il s’agissait de la dernière vague de froid. De plus, d’ici quelques mois, je me plaindrai de la chaleur alors bon…

L’activité culturelle du samedi a été troquée par un service que j’ai rendu à une collègue : lui couper les cheveux. Visiblement ici, les coiffeurs connaissent une ou deux coupes, il faut donc espérer tomber sur le bon pour ne pas finir avec l’opposé de ce qu’on demande. Pour ne pas finir aussi déçue que lors de sa dernière tentative, ma collègue a préféré me faire confiance. Si j’abandonne la solidarité internationale, je pourrais toujours me reconvertir.

Je n’ai pas encore trouvé la technique pour être réellement efficace avec le partenaire local et j’ai pris la saine décision de ne plus me préoccuper de mon ancien poste (sur lequel je suis en congés sabbatiques). Cette semaine, j’ai réellement réalisé le stress qu’il générait en sourdine, en plus du reste. C’est donc finalement assez particulier ce type de congés car on est là sans être là, on n’est plus là mais on le sera de nouveau. Difficile de compartimenter aussi simplement jusqu’à ce moment où je comprends pourquoi je suis un peu bizarrement tendue. J’ai donc pris cette éponge en main, et je l’ai lâchée. Non, jeter. J’aurai tout le temps de m’en préoccuper en août. Pour l’heure je préfère mettre mon énergie ici et tirer de cette opportunité le maximum d’enseignement, et croyez-moi c’est loin d’être aisé de s’acclimater aux caprices professionnels jordaniens… Cette énergie nécessite donc beaucoup de vitamines… !